Aphantasie : et si vous ne pouviez pas imaginer une pomme ?
- Anne Chamalot

- 13 oct.
- 2 min de lecture
Imaginez une pomme 🍎… La voyez-vous mentalement, rouge ou verte, posée sur une table ?
Pour la majorité des gens, cette image mentale est évidente.
Mais pour d’autres, rien n’apparaît.
Ce phénomène s’appelle l’aphantasie.

Qu’est-ce que l’aphantasie ?
Le terme a été introduit en 2015 par le neurologue Adam Zeman, mais le phénomène était déjà observé au XIXe siècle.
L’aphantasie désigne l’incapacité à générer volontairement des images mentales. Une personne aphantasique sait ce qu’est une pomme, peut la décrire, mais ne peut pas “la voir dans sa tête”.
Les recherches estiment que 1 à 4 % de la population serait concernée, soit plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde.
Comment cela se manifeste-t-il ?
Lorsqu’on demande à une personne aphantasique d’imaginer une scène, aucune image n’apparaît.
La mémoire autobiographique est moins visuelle : les souvenirs sont davantage faits de mots, de faits ou d’émotions.
La créativité s’exprime autrement, par les concepts, la logique, l’écriture, les sons…
Certains ne découvrent leur particularité qu’à l’âge adulte, en réalisant que les autres “voient vraiment dans leur tête”.

Que dit la science sur le cerveau aphantasique ?
Les études en neuro-imagerie montrent que, chez les personnes aphantasiques, certaines zones cérébrales impliquées dans la visualisation volontaire (notamment le cortex visuel et le cortex préfrontal) s’activent beaucoup moins.
Chez la plupart des individus, demander “Imaginez une pomme” entraîne une activation similaire à celle observée quand on regarde réellement une pomme.
Chez les aphantasiques, cette activation visuelle est très faible, voire absente.
En revanche, d’autres réseaux cérébraux peuvent compenser : mémoire verbale, raisonnement logique, attention aux sons ou aux sensations.
Cela montre que le cerveau ne fonctionne pas de manière identique pour tous, mais qu’il sait s’adapter.
Rêves et aphantasie
Beaucoup de personnes aphantasiques rapportent des rêves peu visuels, parfois inexistants.
Mais certains continuent à rêver avec des images, preuve que l’aphantasie touche surtout la visualisation volontaire et pas toujours les processus automatiques du sommeil.

Et la sophrologie dans tout ça ?
La sophrologie utilise souvent la visualisation : imaginer une couleur, un paysage, une lumière.
Pour une personne aphantasique, ces exercices peuvent sembler frustrants, voire impossibles.
Mais la sophrologie s’adapte :
Par le corps : sensations de lourdeur, chaleur, détente.
Par les sons : musiques, bruits naturels, voix.
Par les émotions : cultiver le calme, la confiance, la joie.
Par les mots : se raconter une scène comme une histoire.
En ouvrant d’autres portes que l’image, la sophrologie permet aussi aux personnes aphantasiques de trouver un chemin vers la détente et l’équilibre.
Une autre façon d’imaginer
L’aphantasie n’est ni une maladie, ni un handicap.
C’est une particularité cognitive, une autre manière de fonctionner.
Elle nous rappelle que l’imagination ne se résume pas aux images : elle peut être sonore, corporelle, émotionnelle, conceptuelle.
👉 Et vous, voyez-vous une pomme quand vous la fermez les yeux ?



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